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Blog de Daniel Guillon-Legeay - Mine de rien, ce blog se propose de développer une approche philosophique sur diverses questions, en prenant appui sur la philosophie bien entendu, mais aussi sur le cinéma, la littérature, les chansons, les arts martiaux, la politique, la morale... Parce que la philosophie s'intéresse à tout ce qui fait de nous des êtres humains, elle ne s'interdit aucune porte d'entrée.

03 Jul

Bras de fer Grèce versus Union européenne

Publié par Daniel Guillon-Legeay  - Catégories :  #POLITIQUE, #Grèce, #Démocratie, #Europe

Bras de fer Grèce versus Union européenne

 

Dans ce jeu de dupes et ce bras de fer auxquels se livrent la Grèce et l'Union européenne devant nos yeux médusés, bien malin qui pourrait en prédire l'issue et en prévoir les conséquences pour la Grèce et, plus largement, pour l'Europe. D'ailleurs, les avis émis par les experts en économie divergent du tout au tout.

 

Mais avant que ne se déroule le référendum prévu pour le dimanche 5 juillet, il est clair que l'Union européenne a d'ores et déjà perdu une bataille décisive : celle de la légitimité démocratique, puisqu'elle regarde ce référendum comme une trahison et comme un défi  de son autorité. Comme s'il n'était pas légitime, pour un chef de gouvernement, de consulter le peuple qui l'a élu, à un moment crucial où les décisions prises impacteront durablement le cours de sa destinée ? "Notre responsabilité dans l'affirmation de la démocratie et de la souveraineté nationale est historique en ce jour, et cette responsabilité nous oblige à répondre à l'ultimatum en nous fondant sur la volonté du peuple grec. J'ai proposé au conseil des ministres l'organisation d'un référendum, et cette proposition a été adoptée à l'unanimité."(extrait du texte de la déclaration faite par Alexis Tsipras dans la nuit du 26 au 27 juin sur la télévision d'Etat grecque) .

 

Dans son article publié dans le Figaro Vox (qu'on ne peut pourtant guère suspecter de sympathie marxiste ..), Jacques Sapir, enseignant-chercheur, expert renommé en stratégie économique et clairement marqué à gauche, retrace, dans son article "Référendum grec, le retour de la démocratie en Europe", un épisode significatif de ce bras de fer et en propose une analyse du point de vue politique. Cette réaffirmation forte de la question du politique au coeur des débats est en effet décisive, comme  Jacques Sapir le souligne très justement: "Alexis Tsipras, dans un geste que l'on peut qualifier de «gaullien», a décidé de convoquer un référendum le 5 juillet, demandant au peuple souverain de trancher dans le différend qui l'oppose aux créanciers de la Grèce. Il a pris cette décision devant ce qu'il faut bien appeler les menaces, les pressions, et les ultimatums auxquels il avait été confronté durant les derniers jours de la négociation avec la «Troïka», soit la Banque Centrale Européenne, la Commission Européenne et le Fond Monétaire International. Ce faisant, il a délibérément renvoyé au domaine politique une négociation que les partenaires de la «Troïka» voulaient maintenir dans le domaine technique et comptable".

 

La réaction des instances dirigeantes de l'Union européenne ne s'est pas fait attendre. Pour s'en convaincre, il suffit de prendre acte des incidents diplomatiques qui n'ont cessé d'émailler les âpres et interminables négociations entre le premier ministre hellène Alexis Tsipras et les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE à Bruxelles. La démonstration est glaçante. Je vous invite vivement à en prendre connaissance.

 

Et si le peuple grec avec son charismatique chef de gouvernement nous réapprenait ce que souveraineté politique veut dire? Et cela, cinq ans seulement après le déni de démocratie que l'Union européenne a opposé, lors du référendum sur le traité constitutionnel, aux peuples qui ont osé dire "Non" à tout le bien que celle-ci prétendait leur apporter ? Car il ne faut pas s'y tromper: "Le référendum grec fait planer le spectre d'un autre référendum, celui de 2005 sur le projet de traité constitutionnel en Europe. La manière dont la classe politique française... avait été désavouée par la victoire du «Non», mais avait fait passer en contrebande à peu de choses près le même texte lors du Traité de Lisbonne qui fut ratifié par le Congrès à Versailles, est l'un des épisodes les plus honteux et les plus infâmants de la vie politique française". Et Jacques Sapir de souligner: "Ce qui se joue désormais n'est plus seulement la question du devenir économique de la Grèce. C'est la question de l'Union européenne, et de la tyrannie de la Commission et du Conseil, qui est ouvertement posée ".

 

Comme tout un chacun, j'ignore quelles conséquences pourrait entraîner un "Non" du peuple grec, pour lui comme pour les autres peuples d'Europe: provisoires ou irréversibles, salutaires ou désastreuses? J'admire en tout cas le courage et la ténacité d'Alexis Tsipras, la force de son engagement aux côtés de son peuple, autant de vertus qui manquent à la plupart de nos gouvernants.

 

Alexis Tsipras

Alexis Tsipras

Plus je regarde fonctionner l'Union européenne, plus je vois s'éloigner l'Europe des peuples. De tout coeur, je souhaite que le peuple grec puisse prendre son destin en mains, réparer les erreurs et les abus du passé et construire son avenir selon la voie qu'il se sera choisie. Pourvu qu'on cesse de traiter le problème en termes purement comptables pour en revenir à l'essentiel: le politique.

 

Me revient en mémoire cette phrase de Périclès, dont le buste trône aujourd'hui devant la mairie de sa moderne Cité, et qui fut sans conteste l'un des plus grands stratèges politiques et militaires d'Athènes, il y a vingt-cinq siècles de cela : "Il n'est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage".

 

Αθηναίος είμαι : Je suis Athénien !

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L
Cher Daniel , en surfant sur Wikipedia pour retrouver des proverbes latins péniblement traduits lors de ma turbulente jeunesse , j'en ai retrouvé un succulent : Timeo Danaos et donna ferentes . Traduction : " Je crains les Grecs , même ceux apportant des cadeaux " . Réflexion prononcée par un assiégé prudent et craignant quelque fourberie , devant le fameux Cheval de Troie . Il ne fut pas écouté et l'on sait ce qui s'ensuivit . Visiblement Mme Merkel , pas dupe des foucades d'Alexis Tsipras ,  n'a pas oublié son latin...ce qui  semble , en revanche ,   le cas de François Hollande .
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D
C'est amusant et intéressant certes! Mais tous les gouvernants mènent un jeu de dupes. Machiavel nous enseigne qu'il faut feindre de posséder les vertus morales, mais qu'il faut savoir les mettre en pratique ou au contraire savoir y déroger selon ce que les circonstances exigent. Du moins, si l'on veut conserver le pouvoir politique. <br /> <br /> Il n'y a pas ici de cheval de Troie : les données sont connues et débattues. Mais ce qui reste, c'est un Etat en faillite et un peuple aux abois, dans une Europe insolemment riche ( en dépit de la crise). Quant à l'Union Européenne, elle semble plus prompte à sauver des banques aux pratiques douteuses et aux acquis toxiques ( les effets pèsent encore sur nous tous) qu'à remettre en question sa doctrine libérale afin d'aider des peuples. Des peuples qui font l'Europe. Que ferons-nous quand le peuple grec sera plongé dans le marasme de la misère ? <br /> <br /> Je ne voudrais pas paraître trop schématique (opposition riches/pauvres, capitalisme contre communisme...). Mais tout de même , comment ne pas penser aux graves difficultés que les Grecs traversent depuis des années et qui risquent de s'aggraver dangereusement ?
L
Cher Daniel , je comprends votre point de vue , mais vous me permettrez de ne pas le partager . Depuis cinq ans , les Etats européens soutiennent la Grèce - et à quel prix ! - sans que celle-ci ait véritablement mis en chantier les réformes indispensables pour apurer son économie . Toujours pas de système fiscal digne de ce nom , toujours pas de résultats en matière de lutte anti-corruption , toujours pas de cadastre , toujours pas de réforme du régime des retraites , toujours pas de vraie réforme de la Fonction publique ...mais toujours la fuite en avant à crédit ! Aujourd'hui , les dix-sept autres membres du club se demandent - à des degrés divers, j'en conviens - si un adhérent qui ne veut pas respecter les règles du club ni payer sa cotisation y a vraiment sa place . On peut souhaiter vivement que la Grèce reste dans le club , mais à condition qu'elle se ressaisisse et dise clairement son intention . Réponse dimanche soir .
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D
Merci, cher Philippe, pour votre commentaire pertinent. Il est heureux que nous ne soyons pas d’accord ; Alors, tentons de nous mettre d’accord sur notre désaccord ☺ <br /> <br /> Sur le principe d'un assainissement drastique et indispensable des finances publiques ainsi que sur celui d'un acquittement des dettes contractées envers des créanciers, j'en suis évidemment d'accord avec vous. Les gouvernements grecs qui se sont succédés ces dernières années n'ont pas respecté les règles du jeu comme ils s'étaient engagés à le faire. Cette faute est avérée, et le peuple grec ne peut nier sa lourde responsabilité ; elle est indéniable. <br /> <br /> Mais, tout d'abord, les commissaires européens pouvaient-ils l'ignorer vraiment ? Car même pour moi le fait était patent ! Sans être le moins du monde un expert en économie (Dieu – s’il existe ! – me fera la grâce d’en témoigner !), j’ai en effet eu tout le loisir d’observer les signes manifestes de cette fraude fiscale massive à chacun de mes voyages dans ce pays (l’inachèvement systématique des habitations pour échapper à l’impôt, les paiements des denrées et des objets en espèces qui ne laissent aucune trace dans les livres de comptes…). Au passage, il en va de même pour l’Italie! L’art de se dérober au fisc est un sport national ! La France ne fait pas exception : on y a même rencontré un ministre des finances, chargé de lutter contre l’évasion fiscale, s’exempter des lois qu’il entendait imposer à tout le pays !<br /> <br /> Se pose ensuite la question de savoir si c’est en affamant un peuple qu'on l'aidera à se relever et à rembourser ses dettes ? « La fuite en avant » dans le surendettement est l’option du désespoir, et non un précepte de la raison ! Les politiques d’austérité contribuent-elles à relancer l’économie ? Les experts en économie politique en débattent et ne sont pas du tout d’accord entre eux. Par ailleurs, l'Europe est un continent riche: elle peut largement effacer une partie de la dette en contre-partie de garanties solides et en proposant une supervision de l'économie grecque. La dette grecque représente 2% du PIB de l'Union Européenne! Et si une partie de mes impôts peut permettre au peuple grec de sortir de ce trou noir, alors j’en suis d’accord. <br /> <br /> Mais l'essentiel est ailleurs selon moi, à savoir la question politique. La logique comptable de la Troïka ne saurait prévaloir au détriment de la souveraineté des peuples, de leur droit à disposer d'eux-mêmes et décider de leur avenir. Sur ce point crucial du respect de la démocratie, l’attitude de l'Union Européenne est scandaleuse, elle qui ne cesse de bafouer avec arrogance et autoritarisme depuis 2005 l’expression du suffrage universel. De ce point de vue, Alexis Tsipras nous rappelle cette vérité qui fait honte à l'Europe et, en outre, ce qu’implique la vraie politique. Si les Grecs disent « NON » (OXI) au référendum, il faudra bien que l'Union Européenne l’entende, au risque d’allumer des feux d’indignation et de colère partout en Europe. <br /> <br /> Comment l’Europe pourrait-elle laisser sortir la Grèce de son giron sans y perdre son âme ? Je ne puis le concevoir. <br /> <br /> Αθηναίος είμαι : Je suis Athénien !

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