Etendre la joie et retrancher la tristesse autant que possible
Daniel Guillon-Legeay dans "la librairie" de Michel de Montaigne (fac similé de l'exemplaire de Bordeaux)
La seconde partie de "L'amitié selon Montaigne" vient de paraître dans le Journal IPhilo.
Je me réjouis de découvrir cette forme nouvelle de l'échange que rendent possible les nouvelles technologies d'information et de communication et l'internet. Je me réjouis de même de rencontrer des personnes qui, comme moi, sont troublées et interpelées par ce merveilleux texte de Montaigne.
Je tiens bien sûr à remercier l'équipe de
, mais également toutes les personnes qui me suivent sur mon blog. Il se trouve que cet article rédigé par votre humble serviteur est régulièrement consulté. Plus de quatre siècles nous séparent de Montaigne. Et, pourtant, chacun de nous se demande toujours en lui-même s'il est certain de savoir ce que l'amitié véritable signifie et comment lui réserver une place de choix dans sa vie.
Je crois que Montaigne serait bien surpris par ce débat qui a commencé dès la parution de l'article: peut-on parler d'amitié virtuelle? Pour ma part, je ne suis pas prêt à mettre sur le même plan l'amitié réelle et l'amitié virtuelle. Pourrait-on n'avoir que des amis virtuels? Je crois que la réponse va suffisamment de soi...
Pour autant, nous avons tous grandi au contact d'auteurs (penseurs, artistes, savants..) que nous n'avons jamais connus - dans la vraie vie -, mais qui nous ont pourtant accompagné étape après étape, tout au long de notre existence. Ainsi, ils ont apporté à celle-ci une qualité d'épaisseur, d'ampleur et de profondeur irremplaçable. Pour ma part, je regarde volontiers Epicure Montaigne, Spinoza, Alain Souchon, Marguerite Yourcenar, Georges Brassens, Woody Allen comme de véritables amis. Dans cette forme d'amitié "virtuelle", la technologie (l'imprimerie, les medias) ne joue pas d'autre rôle que celui de simple vecteur; en dernière instance, l'amitié se fonde sur un "choix volontaire" et sur un engagement réciproque qui dépasse le cadre d'une simple accointance. Montaigne ne s'y est pas trompé. C'est en quoi l'amitié est douce et légère, belle et complexe: elle ne requiert rien d'autre que la liberté (là où l'amour peut paraître aliénant) et le désir de jouir loyalement de la compagnie de l'ami.
L'amitié est avant tout rencontre active et joyeuse, et toute joie est profonde. Epicure,
:Il n'en demeure pas moins que les rencontres virtuelles peuvent présenter une certaine analogie avec les amitiés intellectuelles dont je parlais plus haut. Des affinités se révèlent et le cercle du monde s'en trouve agrandi. Des débats s'engagent et la vie démocratique s'en voit confortée, renforcée contre le consensus, contre le fanatisme, contre l'intolérance, contre la bêtise. Dans un monde chaotique exposé au vent mauvais de la haine, il est bon que des personnes s'offrent le luxe irremplaçable de la parole libre et du dialogue ouvert.
Je vous remercie toutes et tous pour votre soutien et vos encouragements.
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