Du droit de ne pas être importunée
" Marcher dans la rue. Prendre le métro le soir. Mettre une minijupe, un décolleté et de hauts talons. Danser seule au milieu de la piste. Me maquiller comme un camion volé. Prendre un taxi en étant un peu ivre. M’allonger dans l’herbe à moitié dénudée. Faire du stop. Monter dans un Noctambus. Voyager seule. Boire seule un verre en terrasse. Courir sur un chemin désert. Attendre sur un banc. Draguer un homme, changer d’avis et passer mon chemin. Me fondre dans la foule du RER. Travailler la nuit. Allaiter mon enfant en public. Réclamer une augmentation. Dans ces moments de la vie, quotidiens et banals, je réclame le droit de ne pas être importunée. Le droit de ne même pas y penser.”(Leïla Slimani, Un porc, tu nais ?)
Je vous invite à découvrir et à diffuser ce magnifique texte de Leïla Slimani paru dans le journal Libération qui dit l'essentiel et sans fioriture sur le droit des femmes à vivre libres et respectées - et donc à ne pas être importunées - et, par ailleurs, sur le fait qu'il existe dans notre pays un tas d'hommes qui aiment et qui respectent les femmes. C'est commettre une grave faute, lourde de conséquences, que de confondre la séduction avec le harcèlement. La première suppose une maîtrise de la libido, ainsi que le libre consentement et le respect mutuel ; le second trahit l'attitude infantile de l'homme asservi à la tyrannie de sa pulsion sexuelle et assigne à la femme le statut de proie.
Ne nous voilons pas la face : la liberté des femmes dans l'espace public tend à régresser dans ce pays. Sans doute faut-il y voir les effets conjoints de l'islamisme qui revendique la soumission et l'enfermement des femmes, du déferlement de la pornographie à portée de clics sur internet (même pour les adolescents), du consumérisme frénétique qui rejette les individus dans un relativisme comportemental ignorant les règles élémentaires du savoir-vivre ...
Mais une chose est certaine : quand la liberté régresse pour les femmes, elle régresse pour la société toute entière. La liberté des uns s'arrête là ou disparaît la liberté des autres.
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